Notre domaine de physique vit une période de grande ébullition, riche et passionnante. L’attribution récente du prix Nobel de physique à nos collègues Perlmutter, Schmidt et Riess que je veux féliciter ici, est d’ailleurs pour moi le reflet de ce grand mouvement de réflexion auquel est associé l’ensemble de notre communauté. Leur découverte il y a une douzaine d’années de l’accélération de l’expansion de l’Univers a proprement sidéré le monde de la cosmologie, et l’énergie noire qui pourrait expliquer cette évidence est devenue un nouveau graal pour les physiciens et pour notre Institut en particulier, qui participe depuis l’origine à ces travaux.
Au même moment, le monde entier porte son regard vers le LHC (Grand collisionneur de hadrons), le plus grand accélérateur de particules au monde, dans l’attente de nouvelles révélations sur les lois les plus intimes de la matière. Nos chercheurs sont ainsi engagés dans une chasse effrénée au boson de Higgs, ce chainon manquant du modèle standard de la physique des particules. Du côté de la physique nucléaire, le chantier du futur accélérateur linéaire Spiral2 démarre officiellement et offrira bientôt à notre communauté une infrastructure internationale de premier plan, permettant d’étudier plus en détail la structure du noyau atomique. L’étau se resserre également dans notre quête de la matière noire, tandis que de manière inattendue, les neutrinos viennent quant à eux jeter le trouble en mettant en doute certains fondements de nos théories.
Bien sûr, il est beaucoup trop tôt pour parler de découverte et le résultat de l’expérience Opera devra être reproduit ou mis en défaut. Le scepticisme quant à cette incompréhensible mesure de la vitesse des neutrinos est d’ailleurs parfaitement sain. Mais il est d’ores et déjà extraordinaire de constater la très grande mobilisation de notre communauté à étudier cette question, aussi bien d’un point de vue expérimental que théorique, dans un fabuleux effort de réflexion collective.
Ainsi, quelles que soient les surprises que nous réserve la Nature, les mois qui viennent seront sans nul doute décisifs pour notre recherche. C’est également pour cette raison qu’il est temps de rassembler notre communauté et de l’inviter à participer à une autre forme de réflexion collective, dans un exercice de prospective pour l’ensemble de nos disciplines. En cette période charnière où d’importantes réflexions stratégiques sont menées en Europe et dans le monde pour imaginer notre recherche de demain, il est important que nous nous rassemblions, chercheurs de l’IN2P3 et du CEA/Irfu pour prendre ensemble le temps de cette réflexion, qui devra permettre à la France de continuer d’être un partenaire majeur dans cette grande quête pour la connaissance dans laquelle nous sommes engagés.
— Jacques Martino, Directeur de l’Institut national de physique nucléaire et de physique des particules du CNRS
Les journées de prospective de l’IN2P3 et de l’Irfu se dérouleront à Giens, du 2 au 5 avril 2012. Les personnels des instituts peuvent participer aux groupes de travail : http://www.in2p3.fr/actualites/media/journees_prospective2012.pdf
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