Deux scientifiques pakistanais sont arrivés au CERN en février, au plus fort de la vague de froid. Pendant toute l’année 2012, ils vont travailler en collaboration avec les spécialistes des aimants du CERN, en s’initiant à la technologie et en prenant part aux projets en cours.
Sumera Yamin, physicienne, et Khalid Mansoor Hassan, ingénieur électricien, sont deux scientifiques du Centre national de physique d’Islamabad venus travailler au CERN dans le cadre d’un accord avec le Pakistan.
«Ils se sont immédiatement mis à l’œuvre en nous aidant à concevoir et à assembler de nouveaux aimants pour l’expérience ALPHA, explique Davide Tommasini, chef de la section responsable des aimants résistifs. Ils se sont tout de suite adaptés, comme je l’espérais. C’est incroyable de constater que tous les scientifiques ont la même approche.»
Les deux nouveaux venus participeront également à certaines étapes de la conception d’aimants et aux spécifications techniques du projet SESAME (Centre international de rayonnement synchrotron pour les sciences expérimentales et appliquées au Moyen-Orient), le premier centre de recherche d’envergure internationale de la région.
Sumera Yamin (à gauche) et Khalid Mansoor Hassan (à droite) avec un aimant quadripôle dans une des zones expérimentale du CERN.
SESAME a été fondé sous les auspices de l’UNESCO en prenant le CERN pour modèle. Il compte actuellement parmi ses membres le Bahreïn, Chypre, l’Égypte, l’Iran, Israël, la Jordanie, le Pakistan, l’autorité palestinienne et la Turquie. Le but est de d’établir des ponts au niveau culturel et scientifique entre des sociétés diverses et contribuer à une culture de paix à travers une coopération internationale en science. Le projet vise aussi à prévenir et même renverser la fuite actuelle des cerveaux en établissant un centre de recherches de pointe en sciences des matériaux, physique, chimie et sciences de la vie.
Le CERN soutient cette initiative en partageant son expertise, notamment en ce qui concerne le système d’aimants. En 2010, les directeurs du CERN et de SESAME ont signé un protocole de coopération. Les spécialistes du CERN pourront également former le personnel de SESAME si ce dernier en fait la demande.
Le Pakistan est membre de SESAME et participe également à la collaboration CMS au CERN. Il souhaite aider le CERN à promouvoir le projet SESAME et, dans le même temps, acquérir une expertise dans la science, la technologie et la conception des accélérateurs pour développer ses capacités nationales.
La construction du bâtiment principal de SESAME, à Allan, en Jordanie, a été achevée en 2008. D’ici à 2015, ce centre de recherche commencera à accueillir des utilisateurs et utilisatrices originaires de l’ensemble de ses États membres et leur permettra de venir pour de courtes périodes afin de réaliser des expériences particulières, avant de retourner dans leur pays pour procéder à l’analyse des données. Le but est de créer un environnement scientifique stimulant qui encouragera les meilleur-e-s scientifiques et technologues de la région à y rester, voire même y revenir.
Les deux scientifiques s’attèlent donc à la tâche d’apprendre tout le processus de la construction des aimants pour l’anneau principal de SESAME. Ils travaillent en ce moment sur la conception et les spécifications devront être finalisées pour la fin du printemps. Le but est de pouvoir construire et/ou assembler la plupart des composantes au Moyen Orient. En même temps, le Pakistan mise sur des scientifiques comme Sumera et Khalid pour acquérir une expertise en technologie des accélérateurs et développer ses propres applications dans le domaine médical.
«Nous bénéficions de l’aide et de l’attention de l’ensemble du groupe, assure Khalid. Dès que nous soulevons une question, quelqu’un propose de prendre un café pour en discuter!»
Mais ces conversations autour d’un café ne sont pas la seule expérience qu’ils retiendront de leur séjour au CERN. «C’est un apprentissage différent, ajoute Sumera, plus participatif, plus ouvert.» Sumera et Khalid apprécient l’environnement multiculturel du CERN, et c’est avec plaisir qu’ils s’imprègnent au quotidien de nouvelles connaissances.
Pauline Gagnon
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