Si vous pouvez lire ce texte, c’est grâce au World Wide Web, un produit de la recherche fondamentale effectuée au CERN. La toile fut inventé au CERN afin d’offrir un moyen de communication aux physiciens et physiciennes des hautes énergies disséminés sur différents continents. Son impact sur la société ne fait aucun doute, changeant pour toujours notre façon de communiquer et de vivre.
Mais la toile serait encore inconnu du grand public sans transfert de connaissances, une approche visant à trouver des applications aux développements issus de la recherche de base. Le groupe de Transfert de Connaissances essaie de multiplier de tels exemples et son travail fait partie intégrante de la mission du CERN.
Le but principal du laboratoire est de développer la connaissance sur la nature de la matière et de l’univers qui nous entourent. Mais ce faisant, nous devons constamment repousser les limites de la technologie au-delà de ce qui existe couramment, en développant sans cesses des outils plus performants. De nos jours, cela signifie aussi le faire en respectant l’environnement et à moindre coût.
Chaque fois que de nouveaux détecteurs ou accélérateurs sont construits, ils doivent impérativement surpasser les précédents. On doit soit faire nous mêmes en faisant appel aux centaines d’universités et instituts rattachés au CERN, soit demander à des partenaires commerciaux de relever le défi: électronique plus rapide, matériaux plus légers, refroidissement plus performant ou algorithmes plus malins.
En s’approvisionnant en équipement non-existant, le CERN force le développement technologique et encourage l’innovation parmi les compagnies des pays membres. Ou encore, des scientifiques ayant développé une idée novatrice y trouvent des applications en dehors du domaine de la physique des particules. Ces inventeurs et inventrices peuvent alors bénéficier du soutien du groupe de Transfert des Connaissances du CERN. L’équipe les conseille et les aide sur tous les aspects de gérance de la propriété intellectuelle, et offre son expertise pour les activités multidisciplinaires pour les applications en sciences de la vie.
Le groupe de Transfert des Connaissances doit d’abord établir si le concept est nouveau puis cherche des partenaires externes potentiels pour développer et mettre en marché cette idée. Bien sûr, en collaborant avec le milieu des affaires, le CERN doit en respecter les règles. Une garantie d’exclusivité et un retour économique sont souvent les aspects qui attirent les partenaires commerciaux. Le CERN leur accorde alors un permis d’exploitation de la technologie.
Au contraire, pour le World Wide Web, aucun brevet n’avait été demandé afin d’assurer une dissémination gratuite et la plus large possible. Aujourd’hui, le CERN prend parfois des brevets pour stimuler l’intérêt des partenaires commerciaux. Pour certaines technologies, c’est le seul moyen d’attirer l’industrie et mettre ces technologies sur le marché. Un tiers des revenus ainsi générés financent le Fond de Transfert des Connaissances pour développer de nouveaux projets, et le reste retourne vers les départements techniques et scientifiques du CERN.
Parfois, un partenaire est un autre institut de recherche, comme c’est le cas avec CIEMAT, l’agence espagnole de financement des Sciences et de la Technologie. En partenariat avec le CERN, on espère fabriquer des accélérateurs de particules appelés cyclotrons pour la production de micros doses de radioisotopes nécessaires pour l’imagerie médicale.
Ces radioisotopes ont la vie courte et doivent donc être produits tout près du lieu de l’examen médical. On espère que ce cyclotron sera assez petit pour être installé dans n’importe lequel hôpital.
Une partie importante des activités du groupe de Transfert des Connaissances du CERN vise la promotion des activités multidisciplinaires en sciences de la vie. Le CERN est impliqué dans différents projets reliés à l’imagerie médicale, thérapie hadronique, radiobiologie, e-santé ainsi que la formation de chercheur-e-s dans ces domaines multidisciplinaires.
Les applications en imagerie médicale sont les retombées les plus fréquentes. Pas étonnant puisque nos détecteurs ne sont ni plus ni moins que des caméras ultra perfectionnées nous permettant de capter les images furtives de collisions de particules invisibles à l’œil nu. Les techniques utilisées en physique ont donc largement été adaptées pour améliorer la précision des diagnostics médicaux.
Le CERN a aussi soutenu le développement de panneaux solaires très performants pour la production d’eau chaude et le chauffage. L’ensemble consiste de tuyaux placés devant des miroirs cylindriques qui réfléchissent et concentrent le rayonnement solaire, y compris la lumière diffuse. Ces tuyaux sont contenus dans une enceinte sous vide, ce qui élimine une grande partie des déperditions de chaleur car le vide agit comme un isolant (comme une bouteille thermos). Dernière touche spéciale du CERN: l’enceinte à vide est équipée d’un « getter pump », un appareil utilisé pour capter les molécules de gaz résiduelles et développé à l’origine pour améliorer la qualité du vide dans les accélérateurs du CERN. L’aéroport de Genève est en train d’installer 300 de ces panneaux pour assurer le chauffage du terminal principal.
L’un des meilleurs moyens pour la diffusion des idées est de passer par les instituteurs et institutrices. Chaque année, le CERN accueille plus de mille enseignant-e-s qui viennent rencontrer des scientifiques, visiter les expériences et différents laboratoires, et qui pourront à leur tour partager leur enthousiasme pour la recherche fondamentale avec des centaines d’étudiant-e-s dans les années qui suivront.
Le Transfert des Connaissances est en plein essor au CERN et continuera à promouvoir les initiatives visant à maximiser les retombées de la recherche fondamentale dans différents secteurs de la société et encourager l’innovation.
Pauline Gagnon
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