Christer Fuglesang, un physicien ayant travaillé au CERN avant de devenir astronaute pour l’Agence Spatiale Européenne (ESA), a ramené hier au CERN un neutralino qu’il avait emporté avec lui lors de sa mission vers la Station Spatiale Internationale (ISS).
Christer Fuglesang (à droite), astronaute de l’agence aérospatiale européenne (ESA) remettant à Sergio Bertolucci (à gauche), directeur de la recherche du CERN le neutralino (en bas à droite) aux couleurs du CERN et de l’ESA qu’il avait emmené à bord de la navette spatiale en 2009.
Il s’agit en fait d’une petite peluche créée par la gardienne et fondatrice du zoo des particules. Le neutralino représente une particule fondamentale mais hypothétique proposée dans le cadre d’une nouvelle théorie dite de supersymmétrie. Cette théorie échaffaudée sur les bases du Modèle Standard, le modèle actuel décrivant les la physique des particules et qui unifierait les particules de matière et les particules associées aux forces fondamentales.
Le plus intéressant serait que ce neutralino s’avère être du même type de matière que la matière noire.
La matière noire représente 23% du contenu total de l’univers. C’est une forme de matière d’un genre complètement inconnu, alors que la matière ordinaire, celle dont nous sommes faits de même que toutes les étoiles et galaxies, ne compte que pour 4% du contenu total. Bien que les physiciennes et physiciens ne sachent toujours pas de quoi 96% de l’univers est fait, nous détectons la présence de cette matière mystérieuse à travers ses effets gravitationnels.
L’univers comprend 23% de matière noire et 73% d’énergie noire, deux formes de matière et d’énergie qui n’ont rien à voir avec les 4% de matière ordinaire qui compose tout ce que l’on trouve sur terre, dans les étoiles et les galaxies.
La matière noire n’émet pas de lumière (d’où son nom) mais engendre tout de même un champ gravitationnel, ce qui la rend détectable. Par contre, elle ne semble interagir que minimalement avec la matière ordinaire, ce qui la rend bien difficile à détecter ou étudier sa nature.
On espère que le Grand Collisionneur de Hadrons (LHC) sera capable d’en produire et qu’on pourra enfin en étudier les propriétés. Les neutralinos ne sont qu’une des nouvelles particules fondamentales proposées pour résoudre le mystère de la matière noire mais un des modèles les plus plausibles.
Alors quand Christer Fuglesang a appris qu’il pouvait prendre à bord de la Station Spatiale Internationale quelques articles de son choix, il a voulu emmener quelque chose du CERN. « Le neutralino offre un lien entre la physique des particule et l’espace » avait expliqué Christer, en faisant l’article idéal.
La petite peluche a maintenant retrouvé ses compagnes du zoo des particules. Laquelle d’entre elles s’avèrera être celle qui révèlera la nature de cette immense quantité de matière encore inconnue? Espérons que le LHC éclairera un peu ce côté sombre de l’univers.
(Interview avec Christer Fuglesang) (en anglais seulement)
Pauline Gagnon
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