La diversité nationale a toujours été un point fort du CERN. Avec des gens venant de 99 nationalités différentes, le CERN est un lieu de travail unique. Cependant, le CERN s’est récemment rendu compte que beaucoup plus pourrait être fait pour accueillir non seulement des gens de partout dans le monde, mais aussi des gens de sexe, de capacités, d’orientation sexuelle, d’âges et de race différentes.
C’est pourquoi le Bureau de la diversité, créé récemment, a déjà commencé à secouer certains anciens préjugés en organisant une série spéciale de séminaires.
Cette semaine, le CERN a accueilli le Dr Tom Shakespeare, un orateur hors pair qui fait a dû surmonter plusieurs barrières. Assumer son nom de famille a-t-il dit en riant a été plus difficile que de souffrir d’une maladie affectant le développement et d’être paraplégique. Mais tout comme son fort probable mais non établi célèbre ancêtre, Tom a un talent exceptionnel et a captivé son audience en élaborant sur la façon dont les lieux de travail gagneraient à être plus accueillants pour les personnes souffrant de handicaps, qu’ils soient physiques ou mentaux. Son message clé est que les gens sont plus handicapés par la société que par leur corps ou leur esprit.
«Le handicap est une question de droits humains et d’égalité”, a-t-il dit, “pas de maladie”. Il a nommé plusieurs physiciens célèbres qui ont grandement contribué à la physique en dépit de diverses formes de handicap. Isaac Newton par exemple était une personne terriblement anxieuse et incertaine, souffrant probablement soit d’autisme, soit du syndrome d’Asperger ou de Tourette. Les difficultés d’Albert Einstein à l’école ont pu venir de dyslexie alors que Paul Dirac avait une certaine forme de différence neurologique lui conférant une personnalité excentrique et singulière. En particulier, Tom Shakespeare a montré une vidéo saisissante où Stephen Hawking, l’un des plus célèbres astrophysiciens, parle de sa vie, en expliquant comment il a pu réussir à développer pleinement son potentiel en dépit de sa maladie et où il donne son appui total au Rapport mondial sur le handicap.
Ce rapport de l’Organisation mondiale de la Santé montre qu’un milliard de personnes dans le monde souffrent d’une certaine forme de handicap. Cela signifie qu’à peu près 15% de la population doit surmonter des difficultés particulières affectant la façon dont ils se déplacent, parlent, entendent, voient, se comportent ou pensent. “Vous n’avez peut-être pas d’handicap aujourd’hui, mais la plupart d’entre vous risquent d’en développer un durant votre vieillesse”, a-t-il lancé à l’auditoire.
Il a insisté sur l’importance d’avoir des lieux de travail qui s’adaptent aux personnes handicapées, et non l’inverse. Il faut permettre à chacun et chacune de contribuer à son plein potentiel. La neuro-diversité peut en fait être considérée comme une opportunité plutôt qu’un défi. Les personnes atteintes de troubles du déficit de l’attention, du syndrome d’Asperger ou d’autisme par exemple peuvent toutes contribuer de leur propre façon.
Il a donné quelques conseils simples mais précieux sur comment traiter les personnes handicapées avec respect et dignité: ne pas fixer la personne du regard, ne rien supposer mais plutôt demander, traiter la personne comme un être humain et non comme une maladie (parler d’une personne qui est aveugle plutôt que «d’un aveugle» ou «d’un tétraplégique»); adresser à la personne directement et non pas leur parent ou assistant-e, et leur donner une chance de s’exprimer. Enfin, ne posez des questions que sur les choses que vous devez savoir et pas par simple curiosité.
Pauline Gagnon
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